Le développement moteur : l’acquisition de la marche chez l’enfant, le trouble de d’acquisition de la coordination et ses traitements
Le traitement des affections des pieds chez les enfants (podopédiatrie) est une sphère importante dans la pratique de la podiatrie au Québec. Une des principales préoccupations des parents est la fréquence des chutes de leur enfant. L’acquisition normale de la marche se fait entre l’âge de 9-18 mois1. Par la suite, l’enfant acquiert en général une plus grande stabilisation (équilibre) et une meilleure capacité de locomotion. Certaines conditions systémiques ou orthopédiques peuvent venir entraver l’apprentissage normal de la marche chez l’enfant. Le niveau de développement moteur de l’enfant est donc un élément clé dans le bon développement du jeune. Dans ce texte, il sera question tout d’abord des différentes phases de développement moteur chez l’enfant. Puis, les différentes caractéristiques de l’acquisition de la marche seront décrites. Par la suite, les principaux éléments mesurés afin d’évaluer le niveau de développement moteur chez l’enfant seront présentés. Finalement, les traitements utilisés pour un trouble de développement moteur seront décrits.
Développement moteur du membre inférieur
Le développement moteur évolue selon quatre phases : les phases des mouvements réflexes, rudimentaires, fondamentaux et spécialisés.
Tout d’abord, dès les premières secondes de vie, l’enfant effectue des mouvements qui sont en fait des réflexes. Le réflexe cutané plantaire (Fig.1) en est un exemple et est caractérisé par une extension du gros orteil lors du frottement de la surface plantaire avec un objet doux2.
Fig. 1 Réflexe cutané plantaire (Walker, 1990)
Enfin, après quelques mois, une augmentation du contrôle moteur volontaire s’effectue. Par la suite, entre la naissance et l’âge de quinze mois, il y a apparition des comportements moteurs rudimentaires, c’est-à-dire la posture, la préhension, le tonus, l’équilibre, la position stationnaire debout et enfin, la marche3. Ensuite, c’est entre deux et six ans que l’enfant acquiert des compétences motrices fondamentales, c’est-à-dire les activités suivantes : courir, sauter, lancer, frapper, patiner, nager, etc.
Tableau 1. Développement moteur3
Âges moyens de quelques comportements manifestes ou de leur contrôle (0-13 mois)
Acquisition de la marche
L’acquisition de la marche se fait entre 9-18 mois, pour une moyenne d’âge de 12 mois1. Cette dernière est l’une des habiletés les plus importantes à acquérir lors de la petite enfance. Elle requiert une force suffisante des muscles extenseurs des jambes pour maintenir le poids du corps sur une jambe et que l’équilibre soit maintenu. Les caractéristiques de la démarche chez un enfant évoluent selon l’âge, que ce soit entre autre concernant la vélocité (vitesse), la cadence (nombre de pas/ minute), la longueur des pas et la largeur de base de support (distance entre les pieds). L’évolution de la marche comprend donc différentes caractéristiques (Fig. 2). Lorsque l’enfant commence à marcher, le corps est légèrement incliné vers l’avant, les jambes sont écartées, les enjambées sont courtes et la propulsion vers l’avant est minime3. Ces dernières forment les caractéristiques initiales de la marche. La propulsion, les mouvements de bassin visibles et la diminution de l’écartement des jambes permettent de faire la distinction entre les caractéristiques intermédiaires et celles initiales et ce, vers l’âge de 13-14 mois. Enfin, c’est entre 18-36 mois que l’enfant possède des caractéristiques finales de la marche, c’est-à-dire un contact au sol par le talon, un mouvement du bras vers l’avant avec la jambe opposée et un écartement des pieds égal à celui du bassin3.
Fig. 2 Caractéristiques évolutives de la marche (Rigal, 2009)
Évaluation du niveau de développement moteur
L’évaluation du développement moteur se fait cliniquement grâce à certains tests (par exemple, le test Ulrich4). Ces tests évaluent trois axes du développement moteur, soient l’équilibre, la locomotion et la manipulation manuelle. Plusieurs activités réalisées par l’enfant permettent au professionnel de la santé d’évaluer son niveau de développement moteur. Par exemple, dans le test Ulrich, l’enfant doit entre-autre courir, botter un ballon, faire un saut en longueur et lancer un balle.
Le trouble d’acquisition de la coordination et les traitements
Un des troubles psychomoteurs les plus communs est le trouble d’acquisition de la coordination (TCA) ou la dyspraxie motrice4. Le TCA est émis lorsque l’évaluation du développement moteur se situe nettement sous le score attendu pour l’âge de l’enfant. Plusieurs maladies et syndromes touchant les nouveau-nés peuvent entrainer des troubles psychomoteurs. On y retrouve notamment le syndrome de Down (trisomie 21), la paralysie cérébrale, la dystrophie musculaire et les pieds bots.
Lors d’un diagnostic de trouble d’acquisition de la coordination, l’approche thérapeutique multidisciplinaire est privilégiée. Cette approche multidisciplinaire comprend entre-autre la physiothérapie, l’ergothérapie, la psychologie et la kinésiologie. Puisque quelques études ont montré l’efficacité sur le moment et à court terme de l’utilisation de l’orthèse plantaire dans le but d’améliorer l’équilibre des enfants atteints du syndrome de Down (trisomie 21) et d’un TCA5,6, il peut s’avérer pertinent que la podiatrie s’ajoute éventuellement à cette approche multidisciplinaire.
En conclusion, les enfants acquièrent leur motricité globale au fils des mois et des années grâce entre-autre au développement de leur équilibre, de leur locomotion et leur manipulation manuelle. L’acquisition de la marche représente un aspect important du développement moteur chez l’enfant. Cependant, certains jeunes présentent un trouble d’acquisition de la coordination qui nuit à l’une ou plusieurs des composantes du développement moteur (soit l’équilibre, la locomotion et la manipulation). L’ajout de la podiatrie dans l’intervention thérapeutique multidisciplinaire s’avère alors intéressant et de futures études sur le maintien de l’effet de l’orthèse sur le niveau de développement moteur et ce, à long terme, chez l’enfant seraient pertinentes.
Dre Andréanne Bouchard, podiatre, MSc(c)
Bibliographie
1. Kimura-Ohba, S., A. Sawada, Y. Shiotani, S. Matsuzawa, T. Awaya, H. Ikeda, M. Okada and K. Tomiwa (2011). "Variations in early gross motor milestones and in the age of walking in Japanese children." Pediatrics International 53(6): 950-955.
2. Walker HK. The Plantar Reflex. In: Walker HK, Hall WD, Hurst JW, editors. Clinical Methods: The History, Physical, and Laboratory Examinations. 3rd edition. Boston: Butterworths; 1990. Chapter 73.
3. Rigal, R. (2009). L'éducation motrice et l'éducation psychomotrice au préscolaire et au primaire. Québec [Que.], Presses de l'Université du Québec.
4. Ulrich, D. A. (2000). "Test of gross motor development (2nd ed.)." Austin, TX: PRO-ED inc.
5.Cappello, T. and K. M. Song (1998). "Determining treatment of flatfeet in children." Curr Opin Pediatr 10(1): 77-81.
6. Pitetti, K. H. and V. C. Wondra (2005). "Dynamic Foot Orthosis and Motor Skills of Delayed Children." JPO: Journal of Prosthetics and Orthotics 17(1): 21-24.